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Le Coin des Poètes

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LE PRINTEMPS

Le temps a laissié son manteau

De vent, de froidure et de pluye

Et s’est vestu de brouderie,

De soleil luyant, cler et beau.

Il n’y a beste, ne oyseau,

Qu’en son jargon ne chante ou crie :

Le temps a laissié son manteau

De vent, de froidure et de pluye

Rivière, fontaine et ruisseau

Portent, en livree jolie,

Gouttes d’argent d’orfaverie.

Chascun s’abille de nouveau

Le temps a laissié son manteau

Charles D’Orléans (1394 – 1465)

L’AUTOMNE

Salut, bois couronnés d’un reste de verdure !

Feuillages jaunissants sur les gazons épars !

Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature

Convient à la douleur et plaît à mes regards.

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire ;

J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,

Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière

Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois.

Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,

A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits ;

C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire

Des lèvres que la mort va fermer pour jamais.

Alphonse De Lamartine (1790-1869)

Méditations poétiques

L’ÉTÉ

Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine,

Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.

Tout se tait. L’air flamboie et brûle sans haleine ;

La terre est assoupie en sa robe de feu.

L’étendue est immense, et les champs n’ont point d’ombre,

Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ;

La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,

Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.

Seuls, les grands blés mûris, tels qu’une mer dorée,

Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil

Pacifiques enfants de la terre sacrée,

Ils puisent sans peur la coupe du soleil.

Charles-Marie Leconte De Lisle (1818-1894),

Poèmes antiques

L’HIVER

En hiver la terre pleure :

Le soleil froid, pâle et doux,

Vient tard, et part de bonne heure,

Ennuyé du rendez-vous

Leurs idylles sont moroses.

Soleil ! aimons ! essayons.

Ô terre, où donc sont tes roses ?

Astre, où sont tes rayons ?

Il prend un prétexte, grêle,

Vent, nuage noir ou blanc,

Et dit : C’est la nuit, ma belle !

Et la fait en s’en allant ;

Comme un amant qui retire

Chaque jour son cœur du nœud,

Et, ne sachant plus que dire,

S’en va le plus tôt qu’il peut.

Victor Hugo (1802-1885)

Les quatre vents de l’esprit

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Le petit train s’en va dans la campagne

 

Par ce matin d’été, sous ces nuages lourds,

O mon beau Maine, à reculons, je te parcours !

Le petit tramway fuit et, de la plate-forme,

À l’arrière, je vois fondre la ville énorme,

La grise cathédrale, orgueil des horizons,

La foule des toits bleus qui, rigides moutons,

Sans doute ras tondus, ont prêté leurs toisons

De laine merveilleuse à ce ciel de flocons.

Et pendant une lieue

Je suis bercée en la banlieue

Dont les courtils touchants

Semblent la préface des champs

Car l’ouvrier resta le fils de son village.

Au treillis de leur cage,

On aperçoit les nez remuants des lapins,

Les poules ont leur mue à l’ombre des fusains.

Les carrés sont soignés, nettes sont les allées,

Les fleurs, de vols de papillons auréolés,

Ont de gaietés bariolées.

Le cher petit tramway court dans les marjolaines

Qui peut, tout en roulant, cueillir le voyageur ;

Le tramway se sent fier des campagnes du Maine,

Son splendide domaine.

Quand il fait halte, enfin, en crachant sa vapeur,

Il contemple longtemps la minuscule gare,

Il repart, point pressé, traversant en plein cœur

La rue ou le pont, ou la place en criant : “Gare ! “

A grand coups de clochette, et tente d’approcher

Pour lui dire bonjour tout auprès du clocher.

Ne l’invite-t-il pas à donner un message

Pour le clocher ami du plus prochain village.

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SARTHE

J'ai vu bien des pays, la mer et la montagne,

J'ai vu maints monuments, abbayes et châteaux,

Cathédrales, donjons et manoirs tous plus beaux,

Et j'ai trouvé la Sarthe en quittant ma Bretagne,

Ma campagne natale où je ne sus durer.

J'ai choisi d'autres cieux, une neuve patrie ;

Sarthe sur mon chemin m'accueillit pour la vie

Et j'y vécus poète, heureux et sans regret ;

Doux pays onduleux, de pins et sables roux,

De prairies et de champs, de ruisseaux à l'eau lente,

De logis merveilleux, vieilles pierres qui chantent,

Sous le soleil de France et dans mon cœur surtout.

Tant de noms prestigieux chantés par les poètes,

Le Lude et Montmirail, Verdelles et Courtanvaux,

Et l'austère Solesmes, l'abbaye de L'Epau,

Comment les citer tous en cette ronde en fête !

L'antique Mans culmine avec sa cathédrale,

Une dentelle fine à la pierre lointaine,

Tout autant qu'à Paris, la Dame Souveraine,

Le Mans dans sa muraille, œuvre monumentale.

Sur l'inégal pavé, arrête-toi, passant,

Au long de la ruelle où le ciel se fait mince.

Vois les humbles logis ou demeures de princes :

Alors tu sentiras battre l'âme du Mans.

Fiers Celtes et Romains, tous sont passés céans ;

Rôdent les souvenirs, ici de ceux d'Albion,

Là de Jeanne Lorraine et de Napoléon ;

De guerriers, de poètes et même d'Artagnan !

Sarthe, pays du nord, tu n'as pas la chaleur

De ces lointains pays aux côtes si brûlantes,

Mais tu as bien mieux qu'eux des monuments qui chantent,

Et mon cœur t'a choisie pour un humble bonheur !            

 

Jean SAURÉ

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Le paysan sarthois

 

 

Ce n’est pas un rêveur comme les gens d’Ar-Mor

Qu’assombrissent leur lande grise et la bruine ;

Aux bords riants du Loir, de la Sarthe et de l’Huisne,

Il vit placide, sans méditer sur le sort.

Laborieux, il sait le prix de son effort ;

Il tient à ses écus et quelquefois lésine ;

Avec les gars normands de Carrouge il voisine,

Madré comme eux toujours, et parfois plus retors.

Sans être triste, il parle peu. Mais le dimanche,

Ayant mis veste neuve ou blouse à larges manches,

Il va humer au bourg un verre de bon vin ;

Alors, qu’il soit du Lude ou des rives de l’Erve,

Sa langue se délie, il plaisante avec verve,

Et l’esprit de Scarron vit en ses yeux malins

                            

                                                Honoré BROUTELLE

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Le jour est aujourd’hui… L’instant est maintenant…

 

A peine la journée commencée et il est déjà six heures du soir,

A peine arrivé le Lundi et c’est déjà Vendredi

Et le mois est déjà fini et l’année est presque écoulée.

Et déjà 40, 50 ou 60 ans de nos vies sont passés.

Et on se rend compte qu’on a perdu nos parents, des amis.

Et on se rend compte qu’il est trop tard pour revenir en arrière.

Alors, essayons malgré tout, de profiter à fond du temps qui nous reste.

N’arrêtons pas de chercher des activités qui nous plaisent.

Mettons de la couleur dans notre grisaille.

Sourions aux petites choses de la vie qui mettent du baume dans nos cœurs.

Et malgré tout, il nous faut continuer de profiter avec sérénité de ce temps qui nous reste.

Essayons d’éliminer les après…

 Je le fais après… je le dirais après… j’y penserais après…

On laisse tout pour plus tard comme si « après » était à nous.

Car ce qu’on ne comprend pas, c’est que : après, le café se refroidit.

Après, les priorités changent…

Après, le charme est rompu…

Après, la santé passe…

Après, les enfants grandissent…

Après, les parents vieillissent…

Après, les promesses sont oubliées.

Après, le jour devient la nuit…

Après, la vie se termine…

Et après c’est souvent trop tard, nous pouvons perdre

Les meilleurs moments,

Les meilleures expériences,

Les meilleurs amis,

La meilleure famille…

Le jour est aujourd’hui…

L’instant est maintenant…

 

Jacques Prévert

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Le vieil homme et la petite église

 

C’est à Dissé, peut-être, ou à Juigné, qui sait. L’auteur ne le sait plus.

Il y a une petite église qui se cache là-bas, derrière une colline de la Sarthe.

Toute timide avec son clocher en batière et ses absidioles incongrues.

Oh, c’est sûr qu’elle n’a jamais arrêté l’architecte, ou si peu, elle n’a frôlé que le poète et l’âme du passant.

Il y a un homme âgé qui la contemple. Est-ce là le poète ? Est-ce là le passant ?

Dans l’air il y a des odeurs de pierres mouillées et de vieux bois.

Et l’homme est là comme fasciné.

Il ne croit pas. Il n’a jamais cru au Dieu révélé des religions du Livre.

Il n’espère rien. Il revoit seulement sa jeunesse.

Il avait seize ans quand il a aimé ici, près du presbytère abandonné, la vierge étudiante qui s’était offerte dans l’été sarthois d’avant les guerres.

Et les odeurs, et le goût de la douce amertume, et la musique du temps.

Et ça avait été sa première liberté dans l’explosion de la lumière des blés ensanglantés des coquelicots.

Il regarde l’église qui n’a pas d’âge, qui a le même âge. L’âge d’avant.

L’église qui a fixé à jamais en lui le centre de gravité de l’art, du beau, et du bonheur. Et qui l’enveloppe aujourd’hui des rêves flous et sublimes du passé.

Mais où est donc le temps du premier espace adulte, où est l’heure à jamais estompée du premier tabou dépassé ? Perdue, pour toujours perdue.

Alors l’homme s’agenouille devant l’église et ne trouvant pas de prière, il pleure.

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La vieillesse du cœur

 

Vieillir en beauté, c'est vieillir avec son cœur ;

Sans remord, sans regret, sans regarder l'heure ;
Aller de l'avant, arrêter d'avoir peur ;
Car, à chaque âge, se rattache un bonheur.

Vieillir en beauté, c'est vieillir avec son corps ;
Le garder sain en dedans, beau en dehors.
Ne jamais abdiquer devant un effort.
L'âge n'a rien à voir avec la mort.

Vieillir en beauté, c'est donner un coup de pouce
À ceux qui se sentent perdus dans la brousse,
Qui ne croient plus que la vie peut être douce
Et qu'il y a toujours quelqu'un à la rescousse.

Vieillir en beauté, c'est vieillir positivement.
Ne pas pleurer sur ses souvenirs d'antan.
Être fier d'avoir les cheveux blancs,
Car, pour être heureux, on a encore le temps.

Vieillir en beauté, c'est vieillir avec amour,
Savoir donner sans rien attendre en retour ;
Car, où que l'on soit, à l'aube du jour,
Il y a quelqu'un à qui dire bonjour.

Vieillir en beauté, c'est vieillir avec espoir ;
Être content de soi en se couchant le soir.

Et lorsque viendra le point de non-recevoir,
Se dire qu'au fond, ce n'est qu'un au revoir.

Un Inconnu au grand coeur

L'espérance est un emprunt fait au bonheur

 

Quatre bougies brûlaient lentement.

Il régnait un tel silence que l'on pouvait entendre leur conversation.

La première dit : je suis la paix !

Personne n'arrive à me maintenir allumée.

Je crois bien que je vais m'éteindre...

La flamme diminua peu à peu et disparut.

La deuxième dit : je suis la sincérité !

Mais dorénavant le monde pense que je suis indispensable,

çà n'a plu de sens que je reste allumée plus longtemps.

Une brise légère souffla sur elle et elle s'éteignit.

La troisième manifesta à son tour : je suis l'amour !

Mais je n'ai pas le force pour rester allumée.

Les gens me laissent de côté, ne comprenant pas mon importance.

Ils oublient même d'aimer ceux qui sont proches d'eux.

Sans bruit elle s'effaça à son tour...

Alors entra un enfant qui vit les trois bougies éteintes...

"Mais pourquoi avez-vous cessé de brûler ? 

Vous deviez rester allumées jusqu'à la fin ?"

 Une larme glissa le long de sa joue...

Alors la quatrième bougie murmura

"N'aies pas peur, tant que j'ai ma flamme, 

nous pourrons rallumer les autres bougies car je suis l'espérance !"

Alors les yeux brillants, l'enfant prit la bougie de  l'espérance

et ralluma les trois autres.

Morale : Que l'espoir ne s'éteigne jamais à l'intérieur de nous

et que chacun de nous sache être de temps en temps

un enfant pour raviver la Paix, la Sincérité et l'Amour !

VIEILLIR

Vieillir c’est garder sa jeunesse comme un beau souvenir

C’est s’habituer à vivre un peu au ralenti

Réapprendre son corps pour pouvoir s’interdire

Ce que la veille encore on se savait permis

Se dire à chaque fois lorsque l’aube se lève

Que quoi que l’on y fasse on est plus vieux d’un jour

A chaque cheveu gris se séparer d’un rêve

Et lui dire tout bas un adieu sans retour

Vieillir c’est se résigner à rester sur le rivage

Espérer pour ses fils un avenir heureux

C’est vivre dans son coin sans devenir sauvage

Se laisser ignorer tout en restant près d’eux

Et c’est pouvoir enfin apprivoiser l’amour

Faire une symphonie aux accords de sagesse

C’est aimer une femme pouvoir lui faire la cour

Pour d’autres raisons que la plastique de ses fesses

Vieillir ce n’est plus faire l’amour mais de faire la tendresse

Ce n’est plus dire encore c’est murmurer toujours

C’est sentir dans sa main une main qu’on caresse

Et trembler à l’idée qu’elle vous quittera un jour

Vivre dans le jardin où l’on peut s’attendrir

Se prendre par le cœur et lui dire je t’aime

Avouer qu’on l’a trompée mais osera-t-on lui dire

Quand on sait maintenant qu’on s’est trompé soi-même

Vieillir c’est s’inquiéter soudain du salut de son âme

Entrer dans une église sans bien savoir pourquoi

De tous les Saints Patrons devenir polygame

Et avoir des frisons en regardant la croix

C’est ignorer la fin d’un sketch qu’on a écrit

Vouloir rejouer encore devant ses spectateurs

En cherchant une réplique ou bien un mot d’esprit

Tout en sachant très bien qu’on en n’est pas l’auteur

Vieillir c’est s’en aller un jour sans jamais faire de vagues

En une heure, un endroit qu’on ne choisira pas

Sentir un soir quelqu’un qui souffle votre flamme

Disparaître doucement parce que c’est comme ça

 

Jean-Marie Vivier

Pensées vagabondes

Elles fleurissent dans nos têtes pleines

Bousculant, sans façon ce qui les gênent

S’imposent sans être attendues, ni invitées

Avec nonchalance et une certaine liberté.

Les « vagabondes », qui persistent, peu fières

Qui se faufilent et agacent, sans manière

Dont on voudrait pouvoir se débarrasser,

Mais qui continuent de nous tourmenter !

Tristes, moroses, par les difficultés de la vie

Elles peuvent faire pleurer et souffrir aussi

Ces pensées passagères, rappellent des souvenirs

Qui gâchent la journée, même parfois l’avenir.

Bienveillantes, joyeuses, c’est bon pour le moral

Quoi qu’on en pense, ce n’est pas banal !

Ne laissons pas échapper les belles pensées

Celles qui font plaisir ou vont nous apaiser.

Vers notre jeunesse, souvent elles nous ramènent

Dans les lieux et vers ceux que l’on aime !

Parfois on y découvre un ex prince charmant

Certes lointain, et oublié depuis bien longtemps.

Celles familiales, toute en tendresse, avec les enfants

Qui nous rappellent le bonheur, la douceur d’antan.

En regardant la nature, qui renaît chaque saison

Comment ne pas rêver de visiter d’autres horizons ?

Voici les idées fugaces, qui nous mettent en émoi

Bonnes ou mauvaises, il faut faire un choix

Diverses et versatiles, elles sautent du coq à l’âne

Mais elles nous appartiennent, jamais en panne

Ces pensées, tellement présentes, ont-elles une âme ?

A chacun de les gérer, si intimes et dans le calme

Dépasser les impressions, pour le respect d’autrui

Et affirmer, entre le juste et la beauté, une vraie harmonie

Francine Ducamp

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